Les Cévennes

A la fin de l’ère secondaire, sous l’action de l’érosion, les hautes montagnes granitiques du Massif Central ne sont plus que des grosses collines aux croupes arrondies parfois même recouvertes de sédiments calcaires.

La surrection alpine va bouleverser ce paysage en provoquant simultanément :
– un relèvement important du socle cristallin sur sa bordure orientale par le basculement d’est en ouest du Massif Central trop rigide pour se plisser,
– un affaissement qui est à l’origine du couloir rhodanien.
Cette orogenèse contribue à la diversité du relief et du modelé. Malgré l’érosion, les môles de terrain durs culminent grâce à la résistance des granites. Ce sont autour du mont Aigoual, le Fageas du Liron et le Saint-Guiral du Lingas, et au nord du Gard, la cime de la Draille du mont Lozère. De part et d’autre des surfaces dénudées à peine ondulées des plateaux sommitaux, le contraste est alors net entre le versant océanique qui s’abaisse en pente douce et le versant méridional qui tombe brutalement sur l’avant-pays. Fortement redressée par rapport au niveau de base tout proche (le couloir rhodanien), la barrière cévenole a subi une vigoureuse reprise de l’érosion surtout sur son versant méridional. Elle a donné aux formes du relief une nouvelle hardiesse.
Dans ce relief très accidenté, c’est moins l’altitude que l’ampleur des dénivellations et la valeur des pentes qui permettent de mesurer la vigueur de cette reprise.
Le versant méridional est creusé de profondes vallées, alignées plus ou moins parallèlement de direction nord-ouest/sud-est. Elles sont séparées par des crêtes, comparables à des longues lanières étroites, les serres, qui se raccordent vers l’amont du bassin versant.

Dans ces couloirs souvent étroits, les gardons (rivières en occitan) dilatent parfois leurs lits en de modestes évasements où se logent villages et hameaux. Vers l’aval ils s’encaissent profondément dessinant des méandres serrés : c’est alors la gorge hostile à toute implantation humaine.
De part et d’autres de ces gardons, de nombreux ravins ou valats échancrent le flanc des serres, donnant à cette montagne son aspect déchiqueté.

Actuellement confiné dans les vallées, le domaine agricole s’étageait jadis au flanc des versants en de multiples « bancels » (ou terrasses). Mais la raideur des pentes est loin d’être partout la même et l’étranger est souvent surpris de voir les terroirs les plus riches sur les versants ubacs, là où l’inclinaison n’est que de 30 à 40%. Cette dissymétrie des versants s’explique par le pendage des couches. Sur le versant nord-est, l’ubac, les schistes affleurent en larges dalles luisantes conformes au sens de la pente. D’où la prédominance des formes douces jusque dans le mouvement des épaulements et des replats. A l’adret, sur le versant sud-ouest, les affleurements de roche surgissent au contraire « à rebrousse-pente » et accidentent le profil d’escarpements déchiquetés redressés au-dessus du thalweg.

Cette structure dissymétrique conditionne l’hydrographie : abondance des sources et des ruisseaux permanents à l’ubac par ailleurs frais et boisé, contrairement à l’adret qui apparaît comme un versant escarpé, hérissé, aride.
Le réseau hydrographique reste réellement abondant. C’est un véritable chevelu qu’ordonnent les trois grandes vallées de la Cèze, du Gard et de l’Hérault.

Comme pour le relief auquel il doit nombre de ses aspects, on retrouve dans le climat des traits de sauvagerie et de brutalité. Exagérés par la vigueur de cette barrière cévenole, les contrastes saisonniers sont très marqués.
Calées parfaitement sur le relief, les précipitations sont abondantes, entre 1100 et 2200 mm. C’est un des secteurs les plus arrosés d’Europe. Mais ce sont toutefois leur irrégularité et leur violence qui en font un des plus typés. Les déluges printaniers mais surtout automnaux se traduisent par des crues catastrophiques : les gardonnades.
Pour lutter contre ces crues, de grands barrages ont été construits : Sénéchas, Sainte-Cécile-d’Andorge. Cependant le colmatage de ces ouvrages par les alluvions est si rapide qu’il limite leur rôle de réservoir. Le barrage de Sainte-Cécile-d’Andorge a un remplissage si avancé qu’il a fallu construire un second barrage en aval, celui des Cambous, pour constituer un nouveau réservoir.
Passé l’automne, l’hiver rude et froid s’installe assez vite, les températures très basses décroissent rapidement à mesure que l’altitude augmente. Durant cette période, il neige assez souvent au-dessus de 800 m, mais la durée et l’épaisseur du manteau neigeux varient souvent d’une année à l’autre. Après un printemps lent à s’établir, l’été par contre est chaud et sec. Cette aridité estivale accentue d’ailleurs le problème de l’eau sur les adrets.
Pour terminer, rappelons que l’ennuagement de cette région se traduit par une insolation moins importante et des amplitudes thermiques journalières plus faibles que dans la plaine toute proche.
Nous aurons ainsi présenté les contraintes les plus importantes du climat. Il ne connaîtrait pas ces énormes contrastes si le relief n’en était pas la cause fondamentale : « La vigueur d’un talus élevé face au midi, précédé de crêtes qui guident les nuages jusqu’à ces bouts du monde où ils crèvent enfin. » (NICOD in BOUSQUET 1980).
De telles corrélations topographiques et météorologiques favorisent l’étagement de la végétation. Sous les landes-pelouses qui restent assez étendues quoique largement gagnées par la reforestation artificielle ou spontanée surtout sur les sommets des interfluves, le couvert forestier est omniprésent.

Elément essentiel de la polyculture vivrière du siècle dernier, « l’arbre à pain » : le châtaignier. C’est l’arbre caractéristique de cette montagne. Il a été introduit en vergers au douzième siècle et a souvent remplacé la végétation spontanée surtout dans sa limite supérieure, celle du chêne sessile, pratiquement absent du secteur.
On le rencontre surtout en ubac dont il affectionne les sols frais, et par plaques discontinues sur les meilleures stations de l’adret.
Par ailleurs le couvert forestier est très éloigné du climax :
– prédominance du taillis de chêne vert en dessous de 500 mètres,
– un étage intermédiaire voué aux taillis de chênes pubescents sur la face médi­terranéenne et de chênes sessiles sur le versant océanique,
– plus haut, la hêtraie prend le relais, sa localisation dépend toutefois davantage de l’exposition que de l’altitude.
Sur ces massifs, les reboisements sont importants. Les futaies résineuses (sapins, épicéa, pin maritime, pin laricio, pin à crochets…) représentent aujourd’hui plus de la moitié de la superficie boisée.

Le recul de l’emprise humaine se traduit aujourd’hui par un retour offensif des landes (très étendues sur les interfluves), taillis et friches qui enserrent à les étouffer les derniers terroirs agricoles.

Les Cévennes sont un pays d’écarts. Le visiteur étranger ne peut qu’être frappé par le caractère sauvage de cette région et son apparente désertification : des villages aux volets clos ne se réveillant qu’avec les deux mois d’été, des hameaux entiers en ruine, des zones embroussaillées, des châtaigneraies dégradées, des terrasses patiemment construites dans le passé délabrées et envahies par les ronces, mais aussi des zones cultivées qui semblent être confinées, réduites aux fonds des vallées les plus larges.

« L’odeur, la senteur d’un pays qui meurt, c’est le parfum des genêts, je sais cela, vous pouvez le croire, vous pouvez le répéter. Un pays agonisant a déjà sa couleur, celle jaune, insoutenablement jaune des genêts en fleur. Le genêt qui arrive dès la mort du champ, qui se glisse jusqu’au seuil dès la mort du paysan, qui entre sous les toits crevés dès la mort du mas, les genêts, grappes d’asticots sur les grands cadavres de nos provinces. » (CHABROL).

Image proche du « désert français », hostile à l’expansion humaine, cette montagne par son hétérogénéité lithologique et son cloisonnement forcené nous aurait permis d’isoler autant de districts qu’il y a de serres.

Dans le cadre de cet atlas, nous en avons retenu cinq :
– le Massif de l’Aigoual,
– le Bassin du Vigan,
– le Massif du Liron,
– les Cévennes schisteuses,
– les Cévennes calcaires.

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Le Massif de l’Aigoual (District 3)

Superficie : 150 km²               carte_district_3

En bleu : les Cévennes avec le massif de l’Aigoual en bleu foncé

Communes : Dourbies, Saint-Sauveur-Camprieu, Trèves.

L’Aigoual, le « pluvieux » en occitan. Les pentes de notre plus haut sommet sont aujourd’hui couvertes de forêts. Quel changement par rapport au siècle dernier où les besoins en bois de chauffe en avaient fait une montagne pelée !

Sur la bordure sud-est du Massif Central, à moins de 70 km de la mer, là où finissent les Cévennes, le Massif de l’Aigoual et ses contreforts du Lingas et du Saint-Guiral se dressent, dominant la plaine du Languedoc au sud et les Grands Causses au nord-ouest.

Ce district est presque totalement orienté vers l’ouest. Il est limité au sud par la ligne de crête du Lingas, à l’est par la limite inférieure de la série du hêtre, à l’ouest par l’escarpement du Causse Noir. Au nord, la limite départementale est artificielle, le même type de paysage se prolongeant dans la Lozère voisine.

C’est le domaine quasi exclusif des granites. Les premiers schistes affleurent sur une bande de quelques kilomètres de large au contact du Causse Noir. Une originalité dans ce district : la présence d’un petit causse, celui de Camprieu, soudé au massif cristallin. Sur le versant atlantique, les pentes douces des plateaux sommitaux ne sont jamais très élevées (Saint-Guiral 1366 m, la Lusette 1445 m, montagne d’Aulas 1417 m). Ils soudent le Massif de l’Aigoual au vaste pays calcaire des Causses.

Trois belles rivières rattachées au bassin versant du Tarn, parcourent ce massif. Elles prennent naissance sur le flanc occidental du mont Aigoual et serpentent d’est en ouest, parallèles entre elles, au fond des gorges. Leur profil n’est jamais très pentu, compris entre 3 et 4%.
Ce sont, du sud au nord : la Dourbie, le Trévezel et le Bonheur.
Notons aussi la présence sur ce massif de deux étendues d’eau, les plus hautes de notre département : la mare du col des Portes à 1280 m et le lac des Pises beaucoup plus vaste (plus de 10 ha) à 1250 m.

Malgré des précipitations abondantes comprises entre 1100 et 2200 mm par an surtout en automne, dernière marque du climat méditerranéen, le climat de type montagnard domine :
– les températures moyennes basses avoisinent 5° à 7° annuellement, 1° en hiver et 16° en été,
– les amplitudes thermiques sont relativement faibles, les gelées persistantes (en moyenne 140 jours
par an), l’enneigement important (environ 3 mois), la nébulosité très forte et l’insolation faible.

C’est le domaine de la série du hêtre accompagnée à moyenne altitude de celle du chêne sessile ; elle laisse la châtaigneraie associée au chêne pubescent à sa frange inférieure, dans les bas de versants orientés sud. Le hêtre trouve ici les altitudes élevées, les précipitations abondantes, les brouillards fréquents et les températures qui lui conviennent. Sa série occupe toute la montagne au-dessus de 1000 m, jusqu’à environ 1400 m à l’Aigoual. Cependant des bois isolés sont notés entre 600 et 800 m, surtout en exposition nord. Ils se présentent sous forme de futaies de belle venue très étendues. Le chêne sessile ou rouvre trouve dans ce massif les sols siliceux et bien drainés qu’il recherche. La chênaie sessiflore forme une bande continue entre la chênaie pubescente et la hêtraie. Cet arbre est surtout abondant entre 800 et 1000 m, mais des spécimens isolés peuvent dépasser 1300 m dans le massif du Saint-Guiral. Ses futaies pures sont rares. Mixtes, elles sont souvent exploitées en taillis.

La forêt (70% de la superficie du district) porte l’empreinte profonde des reboisements de la « grande époque » destinés à freiner l’érosion des sols : les futaies résineuses qui ne subsistaient alors qu’à l’état de reliques, représentent aujourd’hui près du tiers de l’espace boisé. Si l’on y ajoute les mélanges de futaies et taillis et les futaies mixtes, c’est plus de la moitié de cet espace qui se trouve peu ou prou enrésiné à l’heure actuelle.
Ces résineux réintroduits sont aujourd’hui majoritaires, même par rapport au Sapin et au Pin sylvestre pourtant indigènes ; l’essence la mieux représentée est l’épicéa, suivie du Pin sylvestre et du Pin laricio.

Les landes restent assez étendues (environ 3500 ha) surtout vers les sommets. Ce sont pour les trois quarts de grandes landes montagnardes où le genêt purgatif est généralement l’espèce dominante, parfois relayé par la callune en exposition sèche, ou la fougère en station plus fraîche. Notons aussi que la belle pelouse à nard pseudo-alpine des zones surpâturées de l’Aigoual doit être rattachée à l’étage montagnard.

Dans cet ensemble très boisé, les enclaves agricoles, situées surtout dans les vallées, sont rares : elles ne représentent que 10% de la surface du district.

Observatoire_Aigoual_bre                                Cretes_sous_Aigoual
Observatoire de l’Aigoual                                                             Crêtes sous l’Aigoual
(Photo Bérenger Remy)

Vallee_Herault_dbi      La vallée de l’Hérault (Photo Daniel Bizet)

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Le bassin du Vigan (District 4)

Superficie : 280 km²                    carte_district_4

En bleu : les Cévennes avec le bassin du Vigan en bleu foncé

Communes : Alzon, Arphy, Arre, Arrigas, Aulas, Aumessas, Avèze, Bez-et-Esparon, Bréau-et-Salagosse, Le Vigan, Mandagout, Mars, Molières-Cavaillac, Pommiers, Roquedur, Saint-André-de-Majencoules, Saint-Bresson, Saint-Julien-de-la-Nef, Saint-Laurent-le-Minier, Valleraugue.
De la plaine toute proche nous passerons un défilé rocheux qui s’ouvre sur ce large bassin forestier; c’est ici le domaine de l’arbre à pain, un autre pays commence. A l’horizon, partout des mon­tagnes…
A l’extrémité occidentale des Cévennes, le Bassin du Vigan est délimité au nord par les crêtes du Lingas et du mont Aigoual, et au sud par l’escarpement du Causse de Blandas. Les lits de l’Hérault et du Rieutord bordent les limites orientales du district.

La variation d’altitude dans ce district est très importante : près de 1500 m aux abords du mont Aigoual à un peu moins de 150 m au confluent Hérault-Vis.
Sa géographie très complexe est articulée autour de deux fleuves, l’Hérault et l’Arre. L’Hérault prend sa source au mont Aigoual et passe en 10 km de 1400 à 350 m en s’écou­lant du nord au sud entre les versants schisteux et granitiques.
Son affluent, l’Arre reçoit tous les ruisseaux torrentiels du versant sud du Lingas. Il représente une discontinuité remarquable dans le paysage géomorphologique régional : il sépare la série des causses calcaires du massif du Lingas par le biais d’une grande coupure. L’érosion importante a provoqué une incision par endroits de plus de 600 m. Elle a entraîné la formation de grands versants à corniches sommitales et la présence, succincte il est vrai, de buttes témoins calcaires sur la rive gauche comme celle d’Esparon.
Autre particularité de ce district, le horst de Saint-Bresson qui culmine à 722 m (I’Oiselette) constitue au-delà d’une ligne Sumène-Le Vigan et jusqu’aux environs de Montdardier et de Saint-Laurent-le-Minier l’ultime prolon­gement des Cévennes vers le sud.

Le climat de type méditerranéen est nette­ment moins rude que celui des montagnes voisines et moins aride que celui de la plaine toute proche.
A la faveur des vallées ouvertes sur les influences méditerranéennes, les tempé­ratures sont plus clémentes. Ainsi le printemps est nettement plus précoce :
– la température moyenne mensuelle en avril au Vigan est de 15°9 contre 6°2 seulement au mont Aigoual,
– en juillet, l’ensemble du district est compris entre les isothermes 16° et 18°.
Ce bassin abrité ceinturé de crêtes offre d’autres particularités :
– la lame d’eau importante, comprise annuellement entre 1300 mm au sud et plus de 2 000 mm
au nord sur les hauts sommets,
– les vents sont moins rudes et moins fréquents que sur les hauteurs voisines.

Dans de telles conditions topographiques et météorologiques, la végétation présente un véritable étagement. Le châtaignier est omniprésent, à cheval sur l’étage du chêne vert qui remonte les vallées surtout celle de l’Hérault jusqu’à près de 1000 m (sud du col du Pas), et celui du chêne sessile.
Il devient plus rare à partir de 800 m où il laisse la place au hêtre qui forme de jolies futaies. Notons aussi la présence de beaux peuplements de chêne pubescent qui remplacent le chêne vert dès que le milieu devient plus humide (bois de Tessonne par exemple sur le versant ubac de la vallée d’Arre). Sur les sommets de certains serres (Toureille, Lusette) les landes montagnardes rattachées à la série du chêne sessile boisées ou non, sont souvent gagnées par la reforestation. Ce sont surtout des landes à genêt purgatif des versants rocailleux ensoleillés et ailleurs à bruyère cendrée ou callune. Associées aux garrigues non boisées, elles représentent encore aujourd’hui plus de 2400 ha.

Dans cette région forestière si la pression anthropique est constante, le secteur agricole a perdu près du quart de sa surface en vingt ans et ne conserve qu’une portion congrue : un peu moins de 15% de la surface totale. Ce sont pour l’essentiel des S.T.H. : les céréales, vignes ont complètement disparu tandis que les vergers avec cette délicieuse pomme « ancienne » qu’est la « reinette du Vigan », se maintiennent dans les fonds de vallée à l’ouest du Vigan.

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La transhumance à l’Espérou (Photo Daniel Bizet)

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Saint-Laurent-le-Minier (Photo Bérenger Remy)

 

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Le massif du Liron (District 5)

Superficie : 260 km²                      carte_district_5

En bleu : les Cévennes avec le massif du Liron en bleu foncé

Communes : Colognac, Lasalle, Les Plantiers, L’Estréchure, Notre-Dame-de-la-Rouvière, Saint-André-de-Valborgne, Saint-Bonnet-de-Salendrinque, Sainte-croix-de-Caderle, Saint-Martial, Saint-Roman-de-Codières, Soudorgues.
Il faut partir de Lasalle vers Aire de Côte et emprunter la Draille millénaire des troupeaux de moutons transhumants qui quittaient jadis la plaine surchauffée pour gagner les terres plus fraîches et plus vertes de notre montagne. Quelle belle balade !

Adossé à l’Aigoual, ce massif s’étire en direction du sud-est sur plus de 20 km et vient « mourir » au contact des premiers affleurements calcaires de la bor­dure sous-cévenole : montagne de la Fage, pic de Montvaillant, roc de la Chapelle.

Malgré des dénivelés très importants, les altitudes restent modestes et ne dépassent que rarement 1000 mètres :1170 m à Aire de Côte et 1178 m au Fageas, point culminant du district.

Les eaux de ce massif sont drainées au nord par le Gardon de Saint-Jean et au sud par l’Hérault. Ces rivières qui soulignent aussi les limites du district forment ainsi que leurs affluents des vallées très creuses.
Principal affluent du Gardon de Saint-Jean, la Salindrenque prend sa source sur le versant sud du Fageas à 1150 m. Dominées par le mont Aigoual, ces Cévennes méridionales sont les premiers reliefs importants rencontrés par les vents pluvieux du sud-est. Il en résulte une pluviométrie maximale, la plus importante de tout le département, comprise entre 1400 mm au sud et près de 2200 mm au nord. Son caractère saisonnier, orageux et irrégulier provoque de nom­breuses crues.

Associée à ce régime des précipitations, la relative sécheresse estivale caractérise un climat de type méditerranéen à tendance pluvieuse. L’influence montagnarde est cependant nette, elle se renforce du sud au nord : si l’isotherme moyen de juillet est toujours inférieur à 17° sur l’ensemble du massif, la moyenne annuelle des tempé­ratures est comprise entre 12° au sud près de Lasalle et seulement 9° au nord. Le nombre de jours de gel est compris entre 60 et 70.

La surface boisée est importante : plus de 20 000 ha soit 75% de la surface totale. C’est ici au coeur du Liron, le pays de la châ­taigneraie. Omniprésente, elle occupe entre 300 et 900 m tout l’étage subméditerranéen de la série acidophile du chêne vert. Les sols frais siliceux et humides lui conviennent particulièrement. On la rencontre aussi bien dans le bas des versants parmi les taillis de chêne vert que près des sommets au contact de la hêtraie où elle se substitue alors au chêne sessile.

Elle forme des types de peuplement très variés : châtaigneraie à fruits, taillis, futaie mêlée de taillis ou encore boisements lâches troués de landes. A côté de cette châtaigneraie, on trouve quelques futaies de résineux, de feuillus et des taillis de chênes.
Issus des reboisements anciens ou récents, les conifères n’occupent que 12% de la surface boisée. Les pins sont les plus fréquents, notamment par ordre d’impor­tance , le pin laricio et le pin maritime. Les autres pins sont plus rares alors que les plantations de sapin Douglas s’intensifient dans les reboisements actuels.
Le chêne vert occupe les vallons enso­leillés et secs. C’est dans ce massif qu’il pénètre le plus la montagne gardoise essentiellement sous forme de garrigue boisée et de taillis. Le chêne pubescent est plus discret ; notons cependant la présence de deux beaux boisements sur le versant sud du Fageas à la limite supérieure de l’étage collinéen. En versant nord, le hêtre fait de timides apparitions annonçant la montagne voisine, mais il ne forme pas de véritables peuplements.
Les landes sont relativement étendues (plus de 1600 ha). Ce sont pour la plupart des landes forestières associées aux boisements dégradés : landes à genêt purgatif de la série du hêtre et du chêne sessile près d’Aire de Côte et landes à callune et genêt à balai de la série du chêne pubescent près du Fageas. De grandes landes non forestières existent aussi en versant sud, qui prennent parfois l’aspect de garrigues ou maquis dans les parties basses.

Avec moins de 4000 ha, soit seulement 14% de la surface du district, les surfaces agricoles ont reculé de plus de 30% depuis 20 ans. Cette régression est surtout le fait des S.T.H. qui représentent encore près de 80% de la S.A.U. Les terres labourables n’occupent que quelques dizaines d’hectares.

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Liron      Malbosc à Saint-Martial   (Photo Matthieu Geng)

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Les Cévennes schisteuses (District 6)

Superficie : 375 km²                carte_district_6

En bleu : les Cévennes avec les Cévennes schisteuses en bleu foncé

Communes : Aujac, Bessèges, Bonnevaux, Bordezac, Branoux-les-Taillades, Chambon, Chamborigaud, Concoules, Gagnières, Genolhac, La Grand-Combe, La Vernarède, Lamelouze, Le Martinet, Malons-et-Elze, Meyrannes, Mialet, Peyremale, Peyroles, Ponteils-et-Brésis, Portes, Robiac-Rochessadoule, Sainte-Cécile-d’Andorge, Saint-Jean-du-Gard, Saint-Paul-la-Coste, Saint-Sébastien-d’Aigrefeuille, Saumane, Sénéchas, Soustelle.
Sur la route en lacets qui monte au Mas de la Barque, le belvédère des Bouzèdes, superbe point de vue sur le « désert français ». L’enrésinement de nos montagnes, le recul de la châtaigneraie, les terrasses écroulées, et les fermes et hameaux cachés que l’on devine, en hiver, aux fumées qui s’élèvent.

Entre les vallées du Chassezac au nord et du Gardon de Saint-Jean au sud, cette partie des basses Cévennes s’étend en forme de croissant. Elle est limitée à l’est par la série jurassique des Cévennes calcaires et à l’ouest par la limite départementale : la plus grande partie des Cévennes schisteuses se prolonge en Lozère. Nous lui avons rattaché par commodité la terminaison orientale des granites du mont Lozère.

Le relief est très comparable à celui des districts précédents, il s’articule autour de trois grands systèmes de vallées : au nord celles de la Cèze et de ses deux principaux affluents en rive droite l’Homol et le Luech, au centre celles du Gardon d’Alès et du Galeizon, au sud celles des Gardons de Mialet et de Saint-Jean. Des crêtes acérées séparent ces vallées. Elles ne dépassent guère 700 m vers le sud et 900 m vers le nord : la Corniche des Cévennes culmine à 953 m et le Truc des Cartades atteint 997 m. La corniche gardoise du mont Lozère est très différente : le sommet est un plateau ondulé d’altitude plus élevée (cime de la Draille à 1506 m). Malgré des altitudes modestes, l’importance du ravinement lié à la raideur des pentes et à l’encaissement des vallées crée une ambiance réellement montagnarde.

Le climat est plus clément que celui des districts proches du mont Aigoual. L’influence de la Méditerranée est beaucoup plus sensible : 40 à 50 jours où les températures dépassent 25° et un isotherme moyen de juillet compris entre 16° et 18°. A titre d’exemple on peut signaler que la température annuelle de Génolhac est la même que celle de St-Hippolyte-du-Fort, beaucoup plus proche de la Méditerranée et d’une altitude moins élevée. Par suite de l’éloignement relatif des hauts sommets cévenols et d’une altitude moyenne plus faible, les pluies sont moins abondantes que sur le Liron : entre 1200 mm à l’est et 1800 mm à l’ouest. En hiver l’opposition est nette entre le plateau de la Croix de l’Ermite où l’enneigement régulier permet la pratique du ski, et les Cévennes plus basses où le couvert neigeux est plus faible et plus irrégulier.
C’est dans ce district que les grands barrages de Sénéchas, Sainte-Cécile d’Andorge et des Cambous ont été construits : au total cela représente près de 50 ha de plans d’eau.

Comme le Liron cette région forestière (plus de 75% de la superficie) est le domaine ancien de la châtaigneraie. Mais ici le pin maritime, introduit jadis pour produire des bois de mines, a colonisé en force les boisements dégradés et les bancels abandonnés, envahissant même les taillis de châtaignier. On trouve souvent aussi, à basse altitude et en versant sud, les taillis de chênes, parfois mêlés de châtaigniers.
On rencontre également le pin laricio, espèce introduite, et des boisements relictuels de pin de Salzmann autochtone ; le hêtre fait son apparition sur le versant est du mont Lozère et en futaie mixte au Mas de l’Ayre, secteurs plus arrosés.
Les landes sont comparables à celles du Liron, un peu moins étendues (1500 ha soit moins de 5% de la superficie) et par moins grandes taches. Ce sont surtout des landes forestières, des friches et de belles pelouses (sur les crêtes dominant Bonnevaux).

La surface agricole est en légère hausse depuis 10 ans. Mais ce sont uniquement les S.T.H. qui en bénéficient ; elles restent confinées dans le fond des vallées étroites, car l’abandon de la culture en terrasses a provoqué la quasi-disparition de la vigne et des terres labourables.

Soustelle_mge-1            Bonneveaux_mge
Soustelle                                       Bonnevaux
(Photo Matthieu Geng)
Rucher_tronc_Malons_esu   Rucher-tronc à Malons-et-Elze
(Photo Emeric Sulmont)

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Les Cévennes calcaires (District 7)

Superficie : 385 km²                   carte_district_7

En bleu : les Cévennes avec les Cévennes calcaires en bleu foncé

Communes : Anduze, Cendras, Corbès, Courry, Cros, Fressac, Générargues, Laval-Pradel,
Les Salles-du-Gardon, Molières-sur-Céze, Monoblet, Rousson, Saint-Ambroix, Saint-Brès, Saint-Félix-de-Pallières, Saint-Florent-sur-Auzonnet, Saint-Jean-de-Valériscle, Saint-Jean-du-Pin, Saint-Julien-les-Rosiers, Saint-Martin-de-Valgalgues, Sumène, Thoiras, Tornac, Vabres.

C’est à Anduze que le Gardon quitte la montagne. 11 s’écoule là entre deux belles parois calcaires, véritables murailles dont les plis trahissent l’histoire géologique de la région. Anduze, la « porte des Cévennes » porte bien son nom.

De Saint-Hippolyte-du-Fort à Saint-Ambroix, allongé au pied du bloc surélevé des Cévennes, ce district forme une bande étroite orientée nord-est/sud-ouest. C’est pourtant le plus grand de la montagne gardoise.

Cette bordure sous-cévenole est comprise entre, à l’est, le système de failles qui la sépare des dépressions voisines et à l’ouest, les premiers affleurements schisteux des Cévennes sur lesquels elle repose en transgression. Au nord et au sud, le district atteint les limites départementales. Malgré les 922 mètres de la montagne de la Fage, il est peu élevé, son altitude variant généralement entre 200 et 500 mètres.
Il est formé de sédiments identiques à ceux des causses : grès, marnes et surtout calcaires du jurassique. Sa topographie est heurtée et contrastée, sa tectonique très complexe. C’est une région très plissée : les plis les plus visibles s’observent dans les nombreuses falaises qui bordent le Gard et le Vidourle dans les cluses respectives d’Anduze et de Saint-Hippolyte-du-Fort. Elle est aussi très faillée, ce qui a donné naissance à de nombreux petits massifs bien individualisés.
Parmi les nombreux accidents qui viennent d’être évoqués, on peut citer encore le horst de Pallières, à l’ouest de Générargues, compartiment qui s’est assez fortement soulevé entre failles pour que l’érosion ait fait apparaître aujourd’hui un fragment du socle granitique.

Le réseau hydrographique est relativement pauvre et totalement allogène ; il s’écoule perpendiculairement à la direction principale du district tout en s’encaissant dans de belles gorges. Du nord au sud on rencontre la Cèze, l’Auzonnet, les Gardons d’Alès et de Saint-Jean et enfin le Vidourle.

Malgré une réelle différence entre le nord et le sud de ce district soumis aux coulées d’air froid du Mont Aigoual et du Liron, la température moyenne annuelle est de l’ordre de 12°5 et le nombre de jours où les températures dépassent 25° est compris entre 50 et 60.
Calées sur ce talus abrupt, les précipitations sont plus imposantes que celles de la plaine toute proche mais néanmoins bien inférieures à celles de la montagne. Elles sont comprises entre un peu moins de 1100 mm et 1400 mm par an.
Autre différence avec les Cévennes schisteuses : l’amplitude diurne de la température est ici beaucoup plus élevée (la réflectance des calcaires clairs est nettement supérieure à celle des schistes plus sombres).

Cette bande de basse montagne calcaire, aride et pluvieuse est constituée d’une mosaïque de parcelles appartenant à deux séries eu-méditerranéennes : celle du chêne vert qui est l’essence dominante et celle du chêne pubescent qu’on trouve sur les sols plus frais et humides comme ceux de la montagne de la Fage où il constitue la seule belle futaie du district.
La chênaie verte est rare, réduite par l’action de l’homme et de ses troupeaux à des garrigues boisées mais surtout à des taillis peu étendus.
A l’occasion des affleurements du bloc granitique, on rencontre aussi des taillis de châtaigniers souvent accompagnés de futaies de Pin maritime.
Notons enfin à l’ubac de la Fage, aux alentours de 800 m l’existence de deux bois de hêtre ainsi que la présence de quelques jolies pinèdes de Pin laricio à la suite des reboisements. Le Pin noir est plus rare et le Pin d’Alep fait quelques timides apparitions.

Malgré le maintien des S.T.H. et des T.L. (respectivement 55% et 17% de la S.A.U.) la surface agricole de ce district est en forte diminution (plus de 45%). Cette régression est le fait des jachères, des vergers et surtout du secteur viticole qui perd en 20 ans près des deux tiers de sa surface.
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Les Jumelles vers Monoblet                            Les Gypières à Générargues
( Photo Emeric Sulmont)

Gardon_Ales      Le Gardon d’Alès
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