Nécrologie de Jean DEMOLDER
– Crématorium de St Martin de Valgalgues le 15 juin 2020 –
Je vais vous parler d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas
connaitre. A l’aube des années 2000, j’étais encore président du COGard, le
Centre Ornithologique du GARD. Par ses activités, les membres de cette
association créée dans les années 80, tentaient …et tentent toujours…de mieux
connaitre l’avifaune de ce département afin d’essayer de la protéger des
nombreuses menaces qui pèsent sur elle. L’information et la diffusion des
connaissances auprès du grand public est aussi un axe majeur dans ses activités.
C’est à cette époque, à l’occasion d’actions et d’animations diverses telle le
crapauduc à Vallérargues ou la fête de la Migration, que j’ai vu
débouler…comment dire…une sorte de Robert Hue à fort accent belge et
s’intéressant aux oiseaux. Un homme chaleureux, sympathique, rempli de
dynamisme et qui venait de s’établir à Boisset Gaujac avec son épouse Lily. Ils
cherchaient tous deux à rallier une association pour apporter leur pierre à
l’édifice de la protection de la Nature.
Bien sûr que « le courant » est passé immédiatement …comment en aurait’il pu
être autrement. Tous ceux qui ont côtoyé Jean ont pu apprécier sa gouaille et
son humour inimitable. Et très naturellement et rapidement, Jean (…et aussi
Lily) ont rejoint l’association …pour ne plus jamais la quitter. Jean a été pendant
cette première dizaine d’années, administrateur du COGard occupant quelques
temps les fonctions de secrétaire puis de président. Mais il a surtout été
l’initiateur dans notre département d’un programme national de suivi : le STOC
– Suivi Temporel des Oiseaux Communs – toujours en cours actuellement. A
partir de 2001, il a pris en charge cette action avec toute l’énergie qui le
caractérisait pour mettre en place un réseau d’observateurs sur le Gard alors
inexistant et organiser des matinées de formation à la reconnaissance des
chants pour les plus néophytes. Il fut le coordinateur départemental de ce
programme qu’il a développé et fait vivre jusqu’en 2010 où il passa la main à
d’autres membres …tout en continuant bien entendu à faire ces relevés annuels
pour cette enquête.
Il serait trop long ici d’évoquer depuis son arrivée au COGard toutes ses autres
implications dans la vie de l’association qui ont permis son rayonnement actuel.
Mais pour résumer, il en fut un des piliers …de nombreuses années durant.
Pour terminer, je voudrais évoquer les nombreuses observations de terrain qu’il
a pu réaliser sur le département (notamment dans la zone de Boisset-Anduze
puis de Branoux et ses environs) et qu’il a transmis au COGard. Elles ont été
intégrées dans la base de données qui a permis la réalisation du dernier « Atlas
des oiseaux du Gard » paru récemment. Dans cet ouvrage collectif, il y a donc
un peu de Jean. Certaines de ses observations sont d’ailleurs citées directement
dans une vingtaine de monographies d’espèces comme le héron cendré par
exemple ou encore le circaète Jean le Blanc, le guépier, les grives litorne et
musicienne et bien d’autres passereaux encore. José et Christian ont d’ailleurs
pu lui remettre un exemplaire de cet ouvrage en novembre 2019 à la maison de
retraite où il résidait depuis quelques temps. Il a été très touché de savoir qu’on
ne l’avait pas oublié.
Avec la disparition de Jean, les oiseaux du Gard perdent un de leur précieux allié
…le COGard un 5ème président et nous, ornithologues gardois, un ami cher. Au
nom du conseil d’administration du COGard et de tous ces membres je présente
mes plus sincères condoléances à sa famille. Repose en paix Jean ! Ta mémoire
est dans nos cœurs à jamais.
Régis ALLEMAND